Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/100

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cet enclos devant lui, il fit franchir la palissade à son cheval et traversa le verger, c’était plus court.

Les arbres étaient chargés de fruits, les branches trop lourdes ployaient jusqu’au gazon.

Le prince s’arrêta au bord de la terrasse, d’où l’on découvrait la ville, juste à l’endroit où quelques mois auparavant la reine s’était approchée de lui et lui avait parlé avec des larmes dans les yeux.

Il jeta un rapide regard sur Kioto.

De différents points une fumée noire s’élevait. On en voyait aussi dans l’enceinte du daïri. On avait donc incendié le palais et la ville. La forteresse de Nisio-Nosiro, sur la rivière de l’Oie-Sauvage, était assiégée ; les cavaliers du ciel sans doute la défendaient. Le mikado devait s’être réfugié derrière ses remparts. Plus loin, de l’autre côté de la ville, une lutte était engagée entre les hommes de Yama-Kava et les soldats de Hiéyas. Ces derniers étaient à peu près maîtres de Kioto. Yama-Kava tenait encore la partie orientale de la ville ; mais sur tous les autres points flottait la bannière de Hiéyas.

Le prince de Nagato, les sourcils contractés, dévorait du regard la scène qui se déroulait à ses pieds ; il se mordait les lèvres jusqu’au sang, plein de colère, mais conservait