Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/154

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— Je t’aimerai comme je t’aime, avec une tendresse infinie.

— Comme on aime une sœur, murmura Fatkoura avec un sourire amer. Laisse-moi mourir.

— Hélas ! ce sang qui s’échappe et emporte ta vie ! s’écria le prince, fou de douleur.

Il se mit à pousser des cris violents. Ils furent entendus. Des soldats, des serviteurs envahirent la salle. Le général Signénari vint aussi, tout sanglant encore de la bataille. On s’écarta sur son passage.

— Qu’arrive-t-il, prince ? s’écria-t-il.

— Un médecin, par grâce, et tout de suite, dit Nagato ; ma fiancée s’est frappée d’un coup de poignard pour échapper aux outrages de l’infâme Toza ; elle se meurt.

Fatkoura avait perdu connaissance.

Le médecin du palais arriva bientôt. Il découvrit la blessure et fit, en la voyant, une grimace peu rassurante.

— Elle ne s’est pas ménagée, dit-il.

— Peut-on la sauver ? demanda le prince de Nagato.

Le médecin secoua la tête.

— Je ne le crois pas, dit-il, le fer est entré trop profondément. Lorsque j’aurai pansé la blessure, le sang ne coulera plus au dehors, mais il s’épanchera intérieurement et l’étouffera.