Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/182

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l’on s’aventure pour atteindre le compartiment qui vous est réservé. La pérégrination n’est pas sans péril, elle s’accomplit au milieu de cris et d’éclats de rire. Les femmes embarrassées dans leurs belles toilettes avancent avec précaution, trébuchant quelquefois, les hommes leur tendent les bras pour les faire sauter dans les compartiments. Quelques-unes préfèrent s’asseoir sur la cloison et se laisser glisser. Chaque casier peut contenir huit personnes, elles s’accroupissent à terre sur une natte, et, dès qu’elles sont installées, un serviteur, attaché au théâtre, leur apporte, sur un plateau de laque, du thé, du saké, un petit brasier et des pipes.

Au-dessus du parterre, deux rangs de loges s’étendent sur trois côtés de la salle, le quatrième côté est occupé par la scène. Ces loges, très-richement ornées de dorures et de peintures sur des fonds de laque rouge ou noire, sont les places les plus recherchées du théâtre, celles de l’étage supérieur surtout. C’est là que les coquettes les plus élégantes étalent la magnificence de leurs toilettes. La vue de la salle est une fête pour les yeux ; la plupart des femmes sont charmantes avec leur teint mat et blanc, leur chevelure luisante, leurs yeux sombres ; les frissons de la soie, les cassures brillantes du satin, l’éclat des couleurs et des broderies forment