Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/199

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sent de chaque côté de l’entrée ; un petit auvent les protège, Les triples toitures de l’habitation semblent couvertes de chaume argenté.

Cet édifice, c’est la maison de thé du Soleil levant. C’est là qu’Omiti depuis de longs jours subit la destinée cruelle qui lui est imposée. Elle souffre, mais silencieusement, avec une résignation fière qui n’accepte ni consolation ni pitié. Elle s’est sacrifiée pour sauver le maître du royaume. Elle se soumet sans murmurer aux conséquences du sacrifice. Seulement elle pense quelquefois qu’il eût été plus clément de la tuer. Elle ne désire pas revoir le roi, bien qu’elle n’ait pas cessé de l’aimer. Son amour est né d’une rêverie de jeune fille. Avant qu’elle eût jamais vu Fidé-Yori, ce prince jeune, que l’on disait charmant et plein de douceur, traversait ses rêves, et le jour, tout en brodant, elle songeait à lui. Lorsqu’elle surprit l’horrible complot qui menaçait la vie de celui qui emplissait sa pensée, elle crut mourir d’épouvante, mais la volonté de le sauver lui avait donné l’énergie et le courage d’un héros. Dans son entrevue unique avec le roi, près du bosquet de citronniers, elle avait compris que son cœur ne s’était pas trompé et qu’elle n’aimerait jamais que lui. Mais l’idée qu’il pût l’aimer ne lui était même pas venue, sa