Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/201

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ger, l’envenimer. On parlait des affaires du pays : la misère était affreuse ; cette guerre civile, survenant à l’époque où les champs avaient le plus besoin des soins de l’homme, avait fait tort aux récoltes ; plusieurs avaient été complètement détruites par les armées, les autres avaient été mauvaises : une disette menaçait toute la partie du royaume qui appartenait encore à Fidé-Yori. Le nord, au contraire, avait été préservé et était florissant. Tandis que le riz manquait dans les environs d’Osaka, on le donnait à moitié du prix ordinaire dans les provinces septentrionales ; mais Hiéyas s’opposait absolument à ce qu’on en exportât dans le sud. Le siogoun ne s’occupait pas d’en faire venir d’ailleurs. Tandis que le peuple mourait de faim, la cour étalait un luxe sans pareil : tous les jours, des réceptions, des fêtes, des banquets. Yodogimi soulevait l’indignation populaire ; elle épuisait le trésor. On avait augmenté les impôts et diminué les salaires. Évidemment, c’était une démence. La cour, traînant après elle des flots d’or et de satin, au bruit d’une musique étourdissante, courait en dansant vers un abîme. Tous étaient aveuglés ; personne ne songeait à la reprise possible de la guerre ; on s’enivrait, on riait, on chantait entre les murs tombés de là forteresse ; on ne s’oc-