Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/217

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Sa voix était tellement douloureuse et suppliante que les soldats s’émurent.

— Qu’à-t-elle donc ? dit l’un, elle est pâle comme la neige ; elle pourrait bien mourir comme elle le dit.

— Et si elle avait quelque chose à révéler ?

— Faisons-la conduire au prince de Nagato, il jugera s’il y a lieu de l’écouter.

— Allons, entre, dit l’un des soldats, nous avons pitié de toi.

Omiti fit quelques pas en chancelant, mais ses forces la trahirent. Elle saisit précipitamment sur sa poitrine une fleur desséchée et la tendit aux soldats ; puis, avec un cri étouffé, elle tomba à la renverse.

Les soldats inquiets et embarrassés se consultèrent du regard.

— Si elle est morte, dit l’un, on va nous accuser de l’avoir tuée.

— Nous ferions bien de la jeter dans le fleuve.

— Oui, mais comment toucher à un cadavre sans nous rendre impurs ?

— Nous nous purifierons d’après les lois prescrites, cela vaut mieux que de nous laisser condamner à avoir la tête coupée »

— C’est vrai. Hâtons-nous. Pauvre enfant ! c’est dommage, ajouta le soldat en se penchant vers Omiti ; mais aussi c’est sa faute, pourquoi est-elle morte comme cela ?