Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/219

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— Ânes ! cervelles vides ! buveurs de lait ! souliers effondrés ! s’écria-t-il avec colère, vous ne voyez donc pas quelle respire, qu’elle n’est qu’évanouie ! Vous la laissez dans la neige au lieu de lui porter secours. Pour vous guérir de votre stupidité, je vous ferai bétonner à vous laisser morts sur la place.

Les soldats tremblaient de tous leurs membres.

— Allons, reprit Loo, soulevez-la avec précaution et suivez-moi.

Les soldats obéirent. Lorsqu’ils eurent franchi la porte de la forteresse, le jeune samouraï alla frapper au corps de garde établi à quelques pas.

— Renouvelez les sentinelles, cria-t-il, j’ai besoin de celles-ci.

Et il poursuivit son chemin. Le prince de Nagato dormait. Loo n’hésita pas à l’aller éveiller. Il savait que le siogoun s’efforçait de retrouver les traces d’une jeune fille qu’il aimait. Avec son maître il avait suivi le roi dans les recherches qu’il faisait à travers la ville. La femme qu’il venait de voir évanouie à la porte du château ressemblait beaucoup au portrait tracé par Fidé-Yori.

— Maître, dit-il au prince qui, mal éveillé encore, arrêtait sur l’enfant un regard las et