Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/250

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du Japon, je ne réfléchirais même pas à sa proposition, et que je mets ma gloire à rester fidèle au maître que j’ai toujours servi et à mourir pour lui.

— Je m’attendais à cette réponse, et si j’ai accepté la mission que l’on me proposait, c’est que j’ai cédé au désir de revoir mon ancien compagnon.

— Tu ne craignais pas les justes reproches que je puis te faire ?

— Non, car je ne me sentais pas coupable. À présent je ne sais quel remords me tourmente devant ton dévouement tranquille et héroïque. Je trouve que mes actions, dictées par la sagesse, ne valent pas la folie de ta fidélité aveugle.

— Eh bien ! il est temps encore de te repentir, reste avec nous.

— Je le ferai, ami. Hiéyas comprendra, en ne me voyant pas revenir, que celui qui venait pour t’acheter s’est donné à toi.

La même proposition avait été faite, au général Signénari.

— Hiéyas m’offre de me donner tout ce que je voudrais, s’était écrié le jeune général, eh bien ! qu’il m’envoie sa tête !

Le lendemain, des forces considérables étaient rassemblées en face de Signénari. Le jeune guerrier comprit que la bataille qui allait s’engager était pour lui la dernière. Il