Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ne t’inquiète pas de moi, dit le prince avec un étrange sourire ; je fuirai, je te le jure.

— Ivakoura ! s’écria le siogoun en regardant son ami avec effroi, tu veux mourir ! Je te comprends, mais je n’accepte pas le salut à ce prix. Je suis le maître encore, n’est-ce pas ? eh bien, je t’ordonne de me suivre.

— Mon bien-aimé seigneur, dit Nagato d’une voix ferme, s’il est vrai que je t’ai servi avec dévouement, ne me refuse pas la première grâce que je te demande, n’ordonne pas que je quitte ce palais.

— Je n’ordonne plus, ami, je te conjure de ne pas me priver d’un compagnon tel que toi, je te supplie de fuir avec nous.

— Je joins mes supplications à celles de mon fils, dit Yodogimi ; ne nous laisse pas partir la douleur dans l’âme.

— Prince illustre, dit Omiti de sa voix douce et timide, c’est la première fois que je t’adresse la parole, j’ose cependant te prier, à mon tour, de ne pas persister dans ta cruelle résolution.

Loo se jeta à genoux.

— Mon maître ! s’écria-t-il.

Mais il ne put rien dire de plus et se mit à pleurer.

— Je te recommande cet enfant, dit Nagato à Fidé-Yori.