Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pitation, emplissait ses flancs, La dernière plate-forme, cependant, n’était pas encore atteinte, mais déjà le plancher se crevassait, oscillait. Une flamme monta et toucha le bord de la toiture supérieure.

— Viens donc, feu libérateur, s’écria le prince, viens apaiser la brûlure dévorante de mon âme, t’efforcer d’éteindre la flamme inextinguible de mon amour !

Il prit sur sa poitrine un papier froissé et le déploya. Il le porta à ses lèvres, puis le lut une dernière fois à la lueur de l’incendie.

« Un jour les fleurs s’inclineront pour mourir, elles laisseront tomber comme un diamant leur âme lumineuse, alors les deux gouttes d’eau pourront se rejoindre et se confondre. »

La chaleur était intolérable. Le papier brûla tout à coup entre les doigts du prince. L’air lui manquait, il se sentait mourir.

— Ma bien-aimée ! s’écria-t-il, je pars le premier, ne me fais pas attendre trop longtemps au rendez-vous !

Comme les pétales énormes d’une fleur de feu, les flammes enfermèrent la dernière terrasse, elles s’étendirent sur la toiture ; les deux gigantesques poissons d’or se tordirent sur la crête du toit comme s’ils étaient vivants, puis ils coulèrent en deux ruisseaux