Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/28

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— Moi, seigneur ! dit Tika qui joignit les mains ; crois-tu que je te trompe et que ce ne serait pas le meilleur moyen de rendre ma maîtresse heureuse ? Je sais bien que tu ne l’emploieras pas, aussi tu ne la verras jamais sourire.

— Eh bien ! elle restera triste, dit Toza ; je la garderai près de moi.

— Hélas ! soupira Tika.

— Tais-toi ! s’écria le prince en frappant du pied, pourquoi dis-tu : hélas ! que t’importe à toi de la servir ici ou là-bas, ne vois-tu pas qu’elle m’a charmé et que je suis malheureux ?

Le prince s’éloigna après avoir dit ces mois, tandis que Tika feignait d’être plongée dans une stupéfaction profonde.

— Je ne croyais pas que tu en vins si vite aux confidences, murmura-telle quand il fut loin, je t’avais bien deviné d’ailleurs, mais toi tu ne soupçonnes pas encore que je veux protéger ton amour.

Tika revint s’asseoir aux pieds de sa maîtresse.

— Tu me laisses seule pour causer avec notre geôlier, lui dit Fatkoura.

— C’est lui qui est venu me parler, maîtresse, dit Tika, et, en quelques minutes, il m’a appris des choses fort étranges.

— Que t’a-t-il appris ?