Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/47

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moi comme tu le voudras, je demeure le prince et tu t’abaisses au rang de bourreau. Moi, je me suis battu de toute ma puissance contre les ennemis de notre légitime seigneur ; toi, tu l’as trahi pour un autre qui le trahissait, et tu es venu sournoisement, sans motif de guerre entre nous, attaquer mon royaume. Tu voulais ma tête pour te la faire payer un bon prix par Hiéyas ; le déshonneur est pour toi. Que m’importe ta ridicule sentence !

— Quel est donc cet homme qui parle avec tant de courage ? se disait Fatkoura.

Les samouraïs approuvaient les paroles du prisonnier, ils laissaient voir leur mécontentement au prince de Toza.

— Ne lui refuse pas la mort des nobles, disaient-ils, il n’a rien fait pour mériter une telle rigueur.

Toza avait la rage dans l’âme.

— Je ne trouve pas ma vengeance suffisante, disait-il les dents serrées, je voudrais trouver quelque chose de plus terrible encore.

— Mais tu ne trouves rien, dit le condamné en riant, tu as toujours manqué d’imagination. Te souviens-tu, lorsque tu me suivais, dans les fêtes, dans les joyeuses aventures que j’organisais ? tu n’as jamais su rien inventer, mais ton esprit du lendemain se souvenait de notre esprit de la veille.