Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

j’ai la honte et la douleur de t’annoncer aujourd’hui. L’affaire du souterrain, si bien imaginée par ton grand esprit, a été mise à exécution. Avec des peines énormes, des milliers de soldats, travaillant nuit et jour, sont venus à bout du travail ; nous étions sûrs de la victoire. Mais Marisiten, le génie des batailles, nous a été cruel. Par je ne sais quelle trahison, Yoké-Moura était prévenu, et j’ose à peine t’avouer que cinq mille héros ont trouvé la mort dans cette route étroite que nous avions creusée, sans que l’ennemi ait perdu un seul homme. Nous avons repris la position dans le village que nous avions un instant perdue. Rien n’est donc compromis encore, et je compte t’annoncer prochainement une éclatante revanche.

« Écrit sous les murs d’Osaka le cinquième jour de la septième lune, la première année du siogoun Fidé-Tadda. »

— Voici une heureuse nouvelle, mes amis, dit le prince qui avait lu la lettre à haute voix, et je veux la porter moi-même à Hiéyas. Je serais curieux de pénétrer dans son camp, de me glisser jusque sous sa tente.

— Vous n’êtes donc pas des amis de Hiéyas, comme vous le disiez ? dit un des messagers.

— Non, nous ne sommes pas de ses amis,