Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/82

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— On l’a désarmé ! s’écria Hiéyas ; on ne lui a pas permis de se donner la mort lui-même.

— Non, seigneur, il a été décapité vivant, et jusqu’au moment où sa tête est tombée il n’a cessé d’insulter son vainqueur.

— Toza est un serviteur zélé, dit Hiéyas avec une nuance d’ironie.

— C’est un infâme, murmura le prince de Nagato, et il expiera durement son crime. Je te vengerai, brave Sado.

— Comme c’est froid, la mort ! dit Hiéyas dont les mains se glaçaient au contact de cette chair pâle et qui donna la tête de Sado à l’un des chefs debout près de lui. Toza peut me demander ce qu’il voudra, ajouta-t-il en s’adressant à l’envoyé, je ne lui refuserai rien ; mais il y avait un autre messager, que nous annonce-t-il ?

Le second messager s’avança à son tour et se prosterna.

— Une bonne nouvelle encore, maître, dit-il ; tes soldats ont pris Fusimi et ils vont commencer l’attaque de Kioto.

En entendant ces paroles, le prince de Nagato, qui tenait toujours la main de Raïden, la lui serra avec une telle force que celui-ci faillit crier.

— L’attaque de Kioto ! Que signifie cela ? disait tout bas le prince avec épouvante.