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Page:Gautier - L’art moderne, Lévy, 1856.djvu/54

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pleines de lait, Horus tête, et le vigilant Anubis aboie ; le jour reviendra et Horus vengera son père.

Ce groupe dépassé, on aperçoit Pen-Mendès appuyé sur un sceptre et retenant par les cornes un bouc, emblème de fécondité, et Kneph, le dieu du Nil, avec sa tête de bélier, la croix ansée à la main et porté sur son fleuve par une barque à voile gonflée, symbole de navigation.

Sur la rive du Nil marche la procession de la barque sacrée renfermant l’arche que les juifs adopteront. En effet, quelques pas plus loin, on voit le peuple hébreu entrant dans la mer Rouge, dont les ondes se séparent en murailles liquides, et se dirigeant vers la Terre promise.

La marche de cette procession théogonique se règle sur les tableaux historiques placés au-dessous d’elle. Chaque religion correspond à une période de la vie de l’humanité : peu à peu le ciel se civilise comme la terre. Les dieux descendent avec les hommes des hauts plateaux de l’Himalaya, pour se répandre dans la Perse, la Chaldée et l’Egypte. Ils suivent la grande migration des peuples, et à chaque pas ils se dépouillent de quelque forme étrange, de quelque symbolisme monstrueux, pour se rapprocher de la forme humaine.

Le défilé divin est arrivé à l’angle rentrant de la croix, où se trouve l’immense composition de la Guerre de Troie : les Olympiens, assis ou couchés sur des nuages, inclinent leurs regards vers la terre, et paraissent prendre au combat des héros un intérêt tout humain. Pallas Athenè, la lance à la main, le casque en tête, l’égide au bras, semble vouloir franchir le cordon architectural qui la sépare de la zone terrestre, pour aider de ses conseils et de son pouvoir son protégé Achille.