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Page:Gautier - L’art moderne, Lévy, 1856.djvu/56

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IV

Ces dieux, les plus parfaits que l’homme ait inventés encore, ont laissé pour toujours les formes hybrides, les membres parasites et les têtes d’animaux. Ils se soumettent aux lois de l’art et de la raison, et représentent les plus purs types du beau : ce seront toujours les vrais dieux pour les poëtes, les sculpteurs et les peintres.

Mais voici que déjà le ciel vient rendre visite à la terre. A ces époques primitives, ils ne peuvent rester longtemps séparés. La terre, jeune encore, a besoin de ce commerce familier, et le ciel n’est pas assez spiritualisé pour rester seul dans ses hauteurs. Bacchus s’humanise, et par son expédition dans l’Inde semble tracer la route aux conquêtes d’Alexandre : le dieu Bacchus père de la joie, de l’expansion et de l’enthousiasme, l’éternel jeune homme aux cheveux d’or et aux yeux noirs comme ceux des grâces. Il s’avance sur un char traîné par des tigres apprivoisés, couronné de pampres, vermeil, souriant, entouré d’un cortège de divinités familières qui le popularisent. – Le bon Silène sur son âne, les Satyres, les œgipans et les Faunes, les Bacchantes, les Ménades et les Mimallones