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cxiv
INTRODUCTION

questes de Charlemagne, de David Aubert[1], et, beaucoup plus tard, dans Morgant le Géant[2] ; dans Charlemagne et Anséis[3], dans Fierabras[4] et dans Guerin de Montglane[5]. Or

    de Constantinople (à Troyes, chez Jean Garnier, imprimeur-libraire, rue du Temple, avec permission). V. sur ces dernières éditions, l’Histoire des livres populaires, de Ch. Nisard, 2e éd., t. II, p. 475 et ss.

  1. Les Conquestes de Charlemagne, de David Aubert, sont datées de 1458. Elles n’étaient point connues avant que M. de Reiffenberg en eût publié les rubriques dans le t. I de son Philippe Mouskes, pp. 484, 485. (Barrois, no 2,222 de sa Bibliothèque protypographique). Le manuscrit appartient à la Bibliothèque de Bourgogne. C’est un remaniement en prose de nos remaniements en vers.
  2. C’est le Morgante maggiore de Pulci, dont une traduction telle quelle, ou une imitation, parut dès 1519 à Paris, chez Jehan Petit, Regnault Chauldière et Michel Lenoir, sous le titre de : Morgant le Géant. ═ En 1530, nouvelle édition chez Alain Lotran : S’ensuit l’histoire de Morgan le Géant, lequel avec ses freres persecuta toujours les crestiens et serviteurs de Dieu ; mais finalement furent ces deux frères occis par le comte Rollant. Et le tiers fut crestien, qui depuis ayda moult à augmenter la saincte foy catholique. ═ Vers 1615 parut une seconde partie contenant la trahison de Ganelon et la mort de Roland. Rien de français dans une telle œuvre. Et par conséquent rien de traditionnel, rien d’antique.
  3. C’est une compilation en prose conservée dans le ms. 214 des B. L. F. à la Bibliothèque de l’Arsenal (xve s.). Cette compilation, à laquelle nous avons dû donner un titre, se divise fort naturellement en deux parties. La première est une imitation servile de la Chronique de Turpin ; la seconde est un remaniement en prose de cet Anséis de Carthage qui est une de nos dernières chansons de geste, par la date et par le mérite. (V. dans nos Épopées françaises, II, pp. 417, 418, notre traduction de la « Mort de Roland » d’après le Charlemagne et Anséis. Cf. le même ouvrage, t. I, pp. 488, 500 et 501.)
  4. Le Roman de Fierabras le Geant, tel est le titre que porte la première édition du Roman en prose : elle est de 1478 (Genève) et, parmi nos Romans, nous n’en connaissons aucun qui ait été imprimé antérieurement à cette date. ═ L’œuvre devint tout aussitôt populaire. Elle comprenait dès lors, avons-nous dit ailleurs : « 1o Quelques chapitres fabuleux sur Clovis et les ancêtres de Charles (I, § 1) ; 2o le portrait de Charlemagne d’après Turpin (I, § 2) ; 3o La traduction de la légende latine du xie siècle relative au Voyage de Jérusalem (I § 3) ; 4o l’ancien roman de Fierabras, qui, à lui seul, forme presque toute la substance du Recueil (II, § 1, 2, 3) ; 5o l’Entrée en Espagne, la guerre contre Agoland, le combat de Roland et de Ferragus, la trahison et la mort de Ganelon, le tout très-abrégé et d’après la Chronique de Turpin (III, § 1, 2, 3). » Tout ce qui précède le roman de Fierabras avait été emprunté directement au Miroir historial de Vincent de Beauvais. ═ Comme on le voit, il y avait là presque toute une « Histoire poétique de Charlemagne ». Les éditeurs de ce temps-là le comprirent et résolurent, pour attirer les acheteurs, de donner un titre pompeux à ce singulier Recueil. Dès l’édition de 1498 (Lyon), nous lisons sur la première page de l’ancien Fierabras : « La Conqueste du grant roi Charlemaine des Espaignes et les vaillances des douze pers de France. » Après plusieurs modifications de détail (éd. de 1501, 1520, 1536, etc), le titre, qui fut définitivement adopté, fut encore plus attirant et solennel, et, après toutes les éditions des Costé de Rouen, des Oudot et des Garnier de Troyes, et des Deckherr de Montbéliard, c’est encore, à peu de chose près, celui que nous lisons en tête de ces grossiers petits livres qui font la joie de nos campagnes : « La Conqueste du grant roy Charlemagne des Espagnes avec les faictz et gestes des douze pers de France et du grant Fierabras et le combat faict par lui contre le petit Olivier, lequel le vainquit. Et des trois freres qui firent les neuf épées dont Fierabras en avoit trois pour combattre contre ses ennemis, comme vous pourrez voir cy-après. » ═ Dans toutes ces éditions des xvie-xixe siècles, les quinze derniers chapitres ne sont qu’un méchant résumé du faux Turpin.
  5. V. l’édition incunable de Guerin de Montglane, de Jean Bonfons, sans date, etc. etc. ═ Rien n’est plus faux que ce titre. Il s’agit en réalité d’un Recueil correspondant aux romans d’Ernaut de Beaulande, de Renier de Gennes, de Girart de Viane, et se terminant par un récit de Roncevaux. Les trois premières parties se trouvent sous ce même titre dans un ms. de la Bibliothèque de l’Arsenal (B. L. F., 226, xve s.). Tel est le prototype de tous les Guerin de Monglane incunables.