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INTRODUCTION

sont changés en cette intéressante collection des Anciens poëtes de la France[1], qui doit tant à l’érudition et à la méthode de M. Guessard, mais où Roland n’a pu encore trouver sa place. Cependant les Allemands ne se croyaient pas droit au repos : au moment où l’on imprimait, en France, les premières feuilles d’Aspremont[2], M. Bartsch éditait le Karl du Stricker[3], qu’il importe de comparer au Ruolandes Liet dont il est le remaniement. L’année suivante, M. Ad. Keller publiait le Karl-Meinet, cette compilation très-médiocre du xive siècle, qui donna lieu, en 1861, à un excellent travail de M. Bartsch[4]. Ainsi, l’Allemagne avait déjà publié, il y a dix ans, les trois œuvres capitales qui ont caractérisé, dans le Moyen âge allemand, les trois périodes, les trois phases de l’histoire de notre légende. Les érudits français se tournaient plus volontiers vers l’Espagne. M. Damas Hinard, dans sa préface du Cid[5], comparaît la versification du Roland à celle du vieux poëme espagnol ; M. Baret écrivait, dans l’Art en province, sa Dissertation sur les analogies du Cid avec notre vieille Chanson[6]. D’un autre côté, M. Gachet se servait fréquemment du texte de la Bodléienne pour expliquer, dans son Glossaire que la mort interrompit, les mots difficiles du Chevalier au Cygne, que M. de Reiffenberg avait trop rapidement publié[7]. C’est à cette époque enfin

  1. Le Décret impérial ordonnant la publication d’un « Recueil des anciens poëtes de la France » est du 12 février 1856.
  2. Ce fascicule, imprimé en 1856, n’a pas été livré au public. Quelques exemplaires servent à l’enseignement de l’École des Chartes.
  3. Quedlinburg, 1857.
  4. Ueber Karl-Meinet. Ein Beitrag zur Karlsage. Nurnberg, 1861, in-8o.
  5. Le Poëme du Cid, Texte espagnol, accompagné d’une Traduction française, de Notes, d’un Vocabulaire et d’une Introduction, par Damas Hinard. Paris, Impr. impériale, 1858. ═, V. à la page xlii de l’Introduction l’utile digression de l’auteur sur la versification de nos vieux poëmes et, à la page xli, la comparaison du Cid avec Roland, etc.
  6. Du Poëme du Cid dans ses analogies avec la Chanson de Roland. (L’Art en province, no de juin 1858.)
  7. Le Chevalier au Cygne, Glossaire, par E. Gachet. Bruxelles, Hayez, 1859. Ce bon travail, où Roland est très-souvent cité, fut achevé par une autre main.