Page:Gautier - La Chanson de Roland - 1.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
cxciij
HISTOIRE D’UN POËME NATIONAL

voici que maintenant nous croyons entendre ce cri de tous nos lecteurs : « Une nouvelle Édition, une Traduction nouvelle, étaient-elles nécessaires ? » À cette question très-légitime, nous allons répondre très-simplement, en exposant ce que nous avons fait dans notre Introduction, dans notre Texte, dans notre Traduction, dans nos Notes. Tels sont, en effet, les quatre éléments de notre œuvre.

Dans notre Introduction, nous nous sommes uniquement attaché à raconter l’histoire de notre vieux poëme. Nous avons écrit sa biographie[1], s’il est permis de parler de la sorte, et nous ne voyons pas, en effet, pourquoi ce mot ne s’appliquerait pas tout aussi bien à la vie d’une œuvre d’art qu’à celle d’un homme. L’Œuvre d’art a un germe, une naissance, un développement, une vieillesse et une mort : nous voudrions avoir exposé clairement cette vie de notre Roland et avoir fait un récit attachant de toutes ces péripéties de son existence qui fut longue, diverse et agitée. Si, pour bien raconter la vie d’un homme ou d’un poëme, il suffisait de les aimer, nous aurions réussi.

Le Texte est ce qui nous a le plus longtemps arrêté. C’était la partie délicate de notre œuvre.

Tout d’abord nous avons voulu voir, de nos propres yeux, le manuscrit de la Bodléienne. Si admirable que soit l’édition de M. Müller, nous avons pu y relever quelques erreurs de détail. De même pour les manuscrits de Venise, et nous avons passé de longues heures avec eux dans la Bibliothèque de Saint-Marc, où l’obligeance de M. l’abbé Valentinelli ne nous a point fait défaut. Le plus récent de ces deux textes, qui ressemble de très-près à celui de Versailles, n’avait pas été examiné avec assez de soin. Nous devons à l’amitié de M. G. Paris d’avoir pu étudier le manuscrit de Lyon, que M. Müller n’a

  1. Déjà dans le t. I de nos Épopées françaises, nous avons eu à écrire la même biographie, mais, comme nous l’avons dit, en l’étendant à toutes nos Chansons de geste. Nous avons eu l’occasion de corriger souvent notre travail de 1865 dans celui de 1870, et, quand nous avons été forcé d’exposer les mêmes idées, nous avons toujours eu soin de les reproduire ici avec un tout autre plan et sous une forme toute nouvelle.