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LA CHANSON DE ROLAND

« Charles et ses nobles barons ont été les témoins de ce défi.
« C’est là de la vengeance, mais non pas de la trahison.
« — Nous en tiendrons conseil, » répondent les Francs.


CCLXXIX


Quand Ganelon voit que le grand procès va commencer,
Il rassemble trente de ses parents.
Or il en est un qui domine tous les autres :
C’est Pinabel du château de Sorence.
Celui-là sait bien donner ses raisons ; c’est un beau parleur ;
Puis, quand il s’agit de défendre ses armes, c’est un bon soldat.


CCLXXX


Ganelon a dit à Pinabel : « C’est en vous, ami, que je me fie ;
« C’est à vous de m’arracher en ce jour au déshonneur et à la mort.
Et Pinabel répond : « Vous allez avoir un défenseur.
« Le premier Français qui vous condamne à mort,
« Où que l’Empereur nous fasse combattre ensemble,
« Je lui donnerai un démenti avec l’acier de mon épée. »
Ganelon tombe à ses pieds.


CCLXXXI


Saxons et Bavarois sont entrés en conseil,
Avec les Poitevins, les Normands et les Français.
Les Thiois et les Allemands sont en nombre.
Les barons d’Auvergne sont les plus indulgents,
Les moins irrités, les mieux disposés pour Pinabel :
« Pourquoi n’en pas rester là ? se disent-ils l’un à l’autre ;
« Laissons ce procès, et prions le Roi