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VIII

LANGUEURS

— Ourvaci ! Son nom est Ourvaci, disait Naïk en agitant, au-dessus de son maître, une queue de yak pour chasser les insectes.

Bussy était couché, tout alangui par la chaleur et les parfums des buissons, dans un hamac, oscillant entre deux arbres de son jardin.

— Ourvaci ! répéta-t-il, quel étrange nom ! Il a de la douceur, cependant. Qu’était-ce qu’Ourvaci ?

— Une étoile, ou plutôt une nymphe du ciel, qui encourut la colère d’Indra, parce qu’elle devint amoureuse d’un mortel.

— Eh bien, l’histoire pourrait se recommencer : une reine amoureuse d’un barbare ! l’on dit que la haine conduit assez volontiers à l’amour. Mais ne m’as-tu pas raconté qu’elle est fiancée à un prince musulman ? Comment cela se peut-il : un Maure doit lui être autant en horreur que moi-même ?

— Je ne sais, maître, répondit Naïk, on pardonne