Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/129

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titude du succès. Je vous promets de conduire mes hommes à la victoire.

Dupleix, qui avait pâli devant l’opposition du conseil, sourit au jeune homme.

— Merci, capitaine, dit-il, c’est ainsi qu’il faut être pour réussir ; la confiance c’est la moitié du succès.

À ce moment Paradis entra. On l’avait vainement cherché au bal, dont il s’était retiré depuis longtemps pour s’aller coucher et, comme il habitait à Oulgaret, en bon air, à la campagne, il était en retard. Il arrivait sans perruque, achevant de se rhabiller tant bien que mal.

— Ah ! voilà mon vieil ingénieur ! s’écria Dupleix. Il est inutile de lui demander son avis à lui : on lui dirait de marcher seul contre une armée qu’il marcherait.

— Et ché la mettrais en téroude, dit Paradis avec un bon rire.

— Messieurs, je résume la situation, dit le gouverneur en se levant. Si nous refusons la lutte, nous sommes certainement perdus et déshonorés ; si nous l’acceptons, malgré l’inégalité de nos forces, le succès n’est pas impossible, et, alors, les Anglais ne nous tiennent pas encore. Figurez-vous que nous sommes sur mer pendant une tempête ; messieurs, je vous en prie, ne troublez pas le pilote qui veut vous sauver.

— Eh bien, soit ! agissez. Vous avez notre confiance et nous ne vous entraverons pas.

— Je n’attendais pas moins de vous, dit Dupleix avec un soupir de délivrance ; merci, messieurs ; vous