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XII

MÉLIAPORE

La route, à peine tracée, et par moments sentier, côtoie la rivière dont on aperçoit les miroitements à travers les rotangs noueux, et les grands bambous, aux minces feuilles claires, qui flottent gracieusement comme des lanières de soie. Deux cavaliers s’avancent sous l’ombre transparente, suivis, à peu de distance, par une cinquantaine d’archers.

On dirait deux adolescents. Celui qui marche un peu en avant de l’autre est d’une beauté si surprenante, que ceux qui le croisent dans sa marche demeurent muets d’admiration. Le cheval qui le porte, couleur fleur de pêcher, a une grâce sans pareille. La selle est en velours pourpre et le mors est une chaîne d’argent ciselé.

Une tunique de drap d’or moule la taille élégante du jeune homme ; un casque léger, avec un oiseau de pierreries pour cimier, le coiffe, et il tient à la main un arc, en laque d’Ispahan.