Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/20

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Les longues-vues sont étirées, on interroge le lointain. La pagode fortifiée apparaît alors, et entre les bouquets de bois on découvre en effet une colonne en marche.

— L’intention est évidente, s’écrie le lieutenant qui a déjà parlé. Contourner la ville en décrivant un demi-cercle, puis franchir les deux bras de la rivière et nous attaquer du côté qui fait face à la terre. C’est en effet notre point le plus faible. La maison de Votre Grâce court de grands dangers, ajoute-t-il, située comme elle l’est à une demi-portée de mousquet des murs de la ville. Elle doit être le point de mire des assiégeants. Ils veulent l’enlever et s’y fortifier. Nous avions cependant décidé, en conseil de guerre, qu’il fallait abattre la Résidence du Jardin ainsi que la poudrière. C’est une négligence vraiment bien coupable de ne pas l’avoir fait, car, à cause de cela, ces points une fois pris par l’ennemi, la place ne sera plus tenable.

— Démolir ma maison ! murmure M. Morse.

— Il faut préparer une sortie des troupes indigènes par la porte Royale, déclare le lieutenant, qui décidément est le plus énergique de l’assemblée.

Nicolas Morse parle de négociations ; mais la sortie est résolue et des ordres sont expédiés.

Les heures s’écoulent, lourdes d’angoisse, et sonnées par les canons ennemis.

C’est Bussy et son nouvel ami Kerjean qui commandent la colonne d’attaque. Les ordres sont en effet de s’emparer de la maison du gouverneur, située hors des murailles, et de construire, dans le jardin même,