Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/202

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pieds d’une colline, et semblait de loin un parterre de fleurs.

Les trois chefs français quittèrent leurs montures indiennes et remontèrent à cheval, pour se mettre à la tête de leurs hommes. Chanda-Saïb marcha avec eux, voulant lui-même les présenter au Soubab.

Dès qu’ils furent aperçus du camp, on envoya vers eux une escorte d’honneur, composée d’une vingtaine de cavaliers. Ils accoururent au galop vertigineux de leurs chevaux, de petite taille, mais pleins de grâce et de feu. Ils tirèrent des coups de fusil, secouèrent leurs armes en poussant des cris, exécutèrent la plus joyeuse fantasia. Alors le comte d’Auteuil donna ordre de battre les tambours et de faire sonner les clairons.

Quand les cavaliers du Soubab furent tout près, l’un d’eux fit remonter dans la rainure du casque le nasal qui masquait son visage et s’avança vers Bussy. En le reconnaissant le jeune officier pâlit d’émotion.

— Arslan-Khan ! s’écria-t-il.

— Je te cherchais et tu viens à moi, dit l’umara.

— Tu me cherchais ?… balbutia le marquis.

— On t’attend à Bangalore, dit le musulman en baissant la voix, pour se délivrer de toi ou t’accorder le baiser sacrilège.

Bussy fît tous ses efforts pour paraître calme.

— On m’attend ; c’est bien, dit-il, si je suis vivant après le combat qui se prépare, je me rendrai à Bangalore.

— Quand il sera temps, un homme s’approchera de ta tente et sera ton guide. Arslan se recula et reprit son rang.