Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/205

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armée d’Allah-Verdi ; un seul lion met en fuite un troupeau de gazelles. Attends le premier combat pour juger les hommes que je t’amène.

— Mais tu ne sais pas dans quelle formidable position s’est retranché l’ennemi, il a une artillerie puissante, et des espions m’ont appris qu’elle est desservie par des aventuriers européens.

— Ce dernier fait est grave, sans doute, dit Chanda-Saïb, mais il n’ébranle pas ma confiance ; toute une armée anglaise n’a pu triompher de nos alliés, ni faire tomber les murailles de Pondichéry. Ordonne le combat et si, quand il sera fini, ton inquiétude ne s’est pas changée en enthousiasme, punis-moi de t’avoir trompé.

La déception du Soubab n’avait pas échappé aux Français, et on avait rapporté à Bussy, qu’enfermé dans sa tente, le roi restait en prières et se lamentait.

— C’est pourtant un prince très brave, ajoutait-on, mais en face des forces du Carnatic, son armée lui semble bien faible, et il doute des Français, car il n’a pas assisté, lui, au combat de Méliapore.

Aussi c’était une impatience extrême de se battre, un agacement, une humiliation qui tenait les Français. Il leur fallait à tout prix une victoire.

Le comte d’Auteuil envoya un détachement pour reconnaître les positions de l’ennemi.

Allah-Verdi, qui commandait lui-même son armée, était établi près d’un village nommé Ambour, derrière un ruisseau qui débordait dans la plaine et l’inondait ; le camp s’appuyait à une montagne inac-