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XVII

L’ÎLE DU SILENCE

Le camp français était établi dans le magnifique jardin d’un des palais d’Arcate. Le comte d’Auteuil n’avait pas voulu qu’on se logeât dans les maisons, pour ne pas disperser ses hommes et pouvoir maintenir la discipline. Alors on leur avait donné ce jardin, qui était un paradis. Le général avait recommandé de ne rien abîmer et les soldats s’ébahissaient des bosquets, des portiques, des kiosques de marbre, de toutes sortes de fleurs étranges, dont ils respiraient le parfum, sans les cueillir, et ils trempaient, en riant, leurs doigts dans les fontaines d’eau de rose, s’efforçaient de saisir les papillons, si superbes qu’ils croyaient d’abord voir des fleurs s’envoler.

Le Soubab ne savait comment leur témoigner sa gratitude ; outre l’argent qu’il leur avait fait distribuer, il leur envoyait des fruits, des gâteaux et des pièces de venaison ; il avait une telle confiance maintenant dans ses nouveaux alliés qu’il s’écriait :