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XVIII

L’USURPATEUR NASSER-CINGH

— Apportez ici des balances, dit l’Ombre de Dieu d’une voix enrouée.

Il s’agit de peser la poudre d’or, les lingots et les mohurs, les sacs de perles, les colliers, les couronnes ; toutes sortes de richesses, qui font un monceau lumineux au pied du trône.

Ce trône est une estrade basse, couverte de tapis et surmontée par un toit constellé de pierreries, que soutiennent des colonnettes d’or. Celui qui y est assis, ou plutôt couché, presque à plat ventre, les coudes sur un grand traversin de brocart, c’est l’usurpateur Nasser-Cingh ; triomphateur aujourd’hui, car, à la tête d’une armée de trois cent mille hommes, il a repris le Carnatic à ses adversaires, qui ont voulu faire à leur tête au lieu de suivre les conseils de leurs alliés, les Français, et c’est dans le palais d’Arcate qu’il compte les trésors d’Allah-Verdi, que Mouzaffer n’a pas cachés assez tôt.