Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/281

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Alors l’un après l’autre, les nababs, les seigneurs, tous les officiers du roi viennent saluer Dupleix, et lui offrir un présent.

Bientôt un véritable trésor s’amoncelle à ses pieds : des bijoux splendides, des couronnes, des colliers, des baudriers de pierreries, des plats d’or, des aiguières, des bassins ; et les plus magnifiques pièces de la parure guerrière : dagues, boucliers, arquebuses de Lahore, de Ceylan, du Cachemire, le tout damasquiné, bosselé, ciselé, enrichi de pierres précieuses : casques d’or ornés d’aigrettes de perles, jambières et gantelets persans, cuirasses en peau de rhinocéros, ou curieuses armures faites des écailles du pangolin, rehaussées de turquoises, de grenats, d’incrustations d’or. Dupleix touchait chaque offrande, à mesure qu’on la lui présentait, pour indiquer qu’il l’accueillait favorablement, et ce tas de richesses, grandissant au pied de l’estrade, s’écroulait avec d’harmonieux tintements.

Quand ce fut fini, le roi se leva, et, suivi de plusieurs chambellans, s’approcha du gouverneur.

— À mon tour, dit-il, d’offrir mon cadeau.

Et prenant des mains d’un chambellan une robe magnifique, il en revêtit lui-même Dupleix, lui agrafa la ceinture, avec le sabre au pommeau étincelant, lui donna la rondache et le poignard.

Alors, il dit d’une voix haute et forte pour être entendu de tous :

— Ce costume royal, mon frère bien-aimé, a été donné par le padichah Aureng-Saïb à mon aïeul Nizam-el-Molouck, et c’est comme si le grand empe-