Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/349

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aveu ? était-ce à lui qu’il s’adressait, ou faisait-il allusion au royal fiancé ?

— Hélas ! s’écria-t-il, dans le plus enivrant bonheur, se glisse toujours pour moi l’amer poison du doute.

Naïk s’était approché sans bruit :

— Il faut rentrer, maître, dit-il, la rosée nocturne tombe, abondante comme une pluie ; favorable aux plantes, elle est pernicieuse à l’homme. Et puis l’on s’étonne de ton absence, et toute ta cour t’attend pour présider le repas.

— Je te suis, Naïk, dit Bussy ; mais quelle contenance vais-je avoir ? La fièvre me dévore, je ne peux dompter mon trouble. Tâche de retrouver le médecin musulman et demande-lui, pour moi, un breuvage endormant qui me conduise à demain, à travers l’oubli ; sinon je vais devenir fou.