Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/367

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en escalier, recevaient cette nappe d’eau qui tombait sans bruit et s’enfuyait en silence. L’arc d’Indra jouait au travers, irisant les blocs de cristal, qui ruisselaient des parois, ou enflammaient les pierreries des parures.

De belles esclaves apportèrent sur des plats d’or des dattes, des mangues et des figues, qu’elles venaient de cueillir, puis toutes sortes de confitures, de friandises et de sorbets.

— Que mon hôte illustre daigne prendre place auprès de moi, dit la reine.

Et elle se mit à rire de la surprise qu’il montra en voyant toute l’assistance s’installer, le visage tourné vers le fond obscur de la grotte, tournant le dos au paysage.

— C’est une pénitence que nous accomplissons, dit-elle, avec une gaieté d’enfant. Tu t’es laissé conduire aveuglément ; maintenant, il faut la partager avec nous.

Des esclaves, portant des écrans de plumes et des chasse-mouches, s’étaient groupées derrière la reine, qui, bientôt, frappa l’une contre l’autre les paumes de ses mains, légèrement teintées de mendhi.

À ce signal, une mélodie se fit entendre, jouée par des flûtes et soutenue par les vinas et les tambourins, et le fond de la grotte, s’écartant, découvrit la scène d’un théâtre, dont la décoration représentait un jardin.

Un personnage très vénérable s’avança, et, après une invocation aux dieux, annonça qu’en l’honneur de l’illustre ambassadeur qui glorifiait le palais de sa