Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/19

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— Je désire parler à Ivakoura, prince de Nagato, dit-il à haute voix.

Tous les serviteurs firent de grands gestes des mains et des bras pour imposer silence au nouvel arrivant. Loo se précipita vers lui et lui appliqua sur la bouche le chiffon dont il se servait pour frotter le miroir ; mais l’homme le repoussa violemment.

— Que signifie tout ceci ? dit-il. Êtes-vous insensés ? Je veux parler au seigneur que vous servez, au daïmio très illustre qui règne sur la province de Nagato. Prévenez-le et cessez vos grimaces.

— Il dort, dit tout bas un serviteur.

— On ne peut l’éveiller, dit un autre.

— Il est affreusement fatigué, dit Loo un doigt sur la bouche.

— Malgré sa fatigue, il sera heureux de ma venue, dit l’étranger.

— Nous avons ordre de ne l’éveiller que quelques instants avant l’heure du conseil, dit la servante.

— Ce n’est pas moi qui me risquerai à l’aller tirer de son sommeil, dit Loo, en poussant sa bouche vers son oreille.

— Ni moi, dit la vieille.

— J’irai moi-même, si vous voulez, dit le messager ; d’ailleurs, l’heure du conseil est proche : je viens de voir le prince d’Arima se diriger vers la salle des Milles-Nattes.

— Le prince d’Arima ! s’écria Loo, lui qui est toujours en retard !

— Hélas ! dit la servante, aurons-nous le temps d’habiller le maître ?

Loo fit glisser une cloison dans sa rainure et ouvrit un étroit passage il entra alors doucement dans la chambre de Nagato.