— Hélas ! ce sang qui s’échappe et emporte ta vie ! s’écria le prince, fou de douleur.
Il se mit à pousser des cris violents. Ils furent entendus. Des soldats, des serviteurs envahirent la salle. Le général Signénari vint aussi, tout sanglant encore de la bataille. On s’écarta sur son passage.
— Qu’arrive-t-il, prince ? s’écria-t-il.
— Un médecin, par grâce, et tout de suite, dit Nagato ; ma fiancée s’est frappée d’un coup de poignard pour échapper aux outrages de l’infâme Toza ; elle se meurt.
Fatkoura avait perdu connaissance.
Le médecin du palais arriva bientôt. Il découvrit la blessure et lit, en la voyant, une grimace peu rassurante.
— Elle ne s’est pas ménagée, dit-il.
— Peut-on la sauver ? demanda le prince de Nagato.
Le médecin secoua la tête.
— Je ne le crois pas, dit-il, le fer est entré trop profondément. Lorsque j’aurai pansé la blessure, le sang ne coulera plus au dehors, mais il s’épanchera intérieurement et l’étouffera.
— Et si tu ne fermais pas la blessure ?
— La femme serait morte dans quelques minutes.
Le médecin rapprocha les lèvres de la blessure. Lorsqu’il toucha la plaie vive, Fatkoura n’eut aucun tressaillement. Il secoua la tête une seconde fois.
— Mauvais symptôme, murmura-t-il.
Lorsque le pansement fut terminé, il introduisit entre les lèvres de la jeune femme le goulot d’un petit flacon qui contenait une liqueur réconfortante ; il la lui fit boire toute.
Bientôt Fatkoura rouvrit les yeux ; elle était tou-