Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/372

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Loo se pencha vers la jeune fille.

— Ânes ! cervelles vides ! buveurs de lait ! souliers effondrés ! s’écria-t-il avec colère, vous ne voyez donc pas qu’elle respire, qu’elle n’est qu’évanouie ! Vous la laissez dans la neige au lieu de lui porter secours. Pour vous guérir de votre stupidité, je vous ferai bâtonner à vous laisser morts sur la place.

Les soldats tremblaient de tous leurs membres.

— Allons, reprit Loo, soulevez-la avec précaution et suivez-moi.

Les soldats obéirent. Lorsqu’ils eurent franchi la porte de la forteresse, le jeune samouraï alla frapper au corps de garde, établi à quelques pas.

— Renouvelez les sentinelles, cria-t-il, j’ai besoin de celles-ci.

Et il poursuivit son chemin. Le prince de Nagato dormait. Loo n’hésita pas à l’aller éveiller. Il savait que le siogoun s’efforçait de retrouver les traces d’une jeune fille qu’il aimait. Avec son maître il avait suivi le roi dans les recherches qu’il faisait à travers la ville. La femme qu’il venait de voir, évanouie à la porte du château, ressemblait beaucoup au portrait tracé par Fidé-Yori.

— Maître, dit-il au prince qui, mal éveillé encore arrêtait sur l’enfant un regard las et surpris, je crois avoir trouvé ce que le siogoun cherche tant.

— Omiti ! s’écria Nagato, où l’as-tu trouvée ?

— Dans la neige ! Mais viens vite, elle est froide et immobile, ne la laissons pas mourir.

Le prince enfila une robe doublée de fourrures, et courut dans la salle où l’on avait déposé Omiti.

— Ce pourrait bien être celle que nous cherchions, dit-il en la voyant ; que l’on aille éveiller le siogoun. Mais auparavant, faites venir des servantes et qu’elles