Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/394

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Le premier choc des armées fut terrible. On se battit avec un acharnement, une fureur sans pareils. À nombre égal les troupes de Fidé-Yori eussent remporté la victoire, elles avaient une telle résolution de se laisser tuer plutôt que de reculer, qu’elles étaient inébranlables. Le général Yoké-Moura fut attaqué par vingt mille hommes armés de fusils, il n’avait autour de lui que dix mille soldats, établis sur la colline nommée Yoka-Yama ; les hommes de Yoké-Moura avaient aussi des fusils. Les décharges se succédèrent jusqu’à l’épuisement des munitions. Yoké-Moura attendait ce moment. Il avait remarqué que ses agresseurs n’étaient armés que de fusils et de sabres et ne portaient pas de lances. Il descendit alors impétueusement la colline. Ses soldats, la lance au poing, se jetèrent sur les assaillants qui, presque sans défense, se replièrent en désordre.

Signénari, lui aussi, après un combat acharné, avait réussi à faire reculer ceux qui l’attaquaient, mais sur tous les autre points les généraux, écrasés par le nombre, avaient été battus et s’étaient rejetés, avec ce qui leur restait de soldats, dans l’intérieur de la ville.

Le soir vint, les combats s’interrompirent. Les soldats exténués se couchèrent dans les rues de la ville, sur les ponts, au bord des canaux. Seuls, Signénari et Yoké-Moura étaient encore hors d’Osaka, l’un dans la plaine, l’autre sur la colline.

Quand la nuit fut tout à fait venue, un homme s’avança au pied de la colline de Yoka, et demanda à parleriau général Sanada-Sayemon-Yoké-Moura, de la part de Hiéyas.

On l’introduisit sous la tente du guerrier.

Yoké-Moura reconnut un de ses anciens compagnons d’armes.