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le collier des jours

sion, qui ne s’est d’ailleurs jamais démentie.

Au bout de notre course, le Panthéon apparut. Il me sembla colossal, et, pour le voir plus longtemps, je marchais presque à reculons, tandis que la tante me tirait par la main, en contournant la place, afin de gagner la petite rue étroite et grimpante de la Montagne-Sainte-Geneviève.

De vieux bâtiments gris et laids, une porte cintrée, d’un vert sombre, percée d’un judas : c’était là.

Une chaîne pendait terminée par une poignée ; en la tirant on éveilla un son, tout proche, de cloche fêlée. Le judas glissa d’abord, sans qu’il fût possible de voir qui nous regardait, puis une petite porte, après des grincements de verroux et de clés, s’entr’ouvrit dans la grande, et une jeune religieuse en voile blanc, toute souriante, nous dit bonjour et nous pria d’entrer.

— Je ne veux pas entrer ! criai-je en tirant tante Zoé en arrière.

Mais elle me retint et me poussa devant elle.

— Tu ne veux pas !… et les gendarmes ?… dit-elle. On ne fait pas ce que l’on veut dans la vie.

La porte s’était refermée sur nous, sans bruit, et il me sembla être entrée dans un souterrain. Nous nous trouvions dans un espace