Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.




XXXIX




Quand je fus bien persuadée que je ne parviendrais pas à m’échapper de ce couvent, je me décidai à me laisser mourir de faim. Mais, hélas ! cette résolution extrême ne tenait guère plus d’une demi-journée.

Pourtant, je voulais en finir, plutôt dans l’idée de me venger de ceux qui m’avaient enfermée : « pour leur apprendre, » que pour mourir tout à fait.

Mais le moyen n’était pas facile à trouver et je roulai longtemps ce sinistre projet sans parvenir à le réaliser.

Un jour, pourtant, je reconnus, parmi les mauvaises herbes, le long des murailles du préau, près de la chapelle, une plante, dont mon grand-père m’avait appris à me défier, comme d’un poison violent, et qu’il arrachait toujours, quand il la rencontrait dans le jardin de Montrouge. C’était, je crois, de l’euphorbe une pe-