Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/172

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XL




Le jour où elle parut, dans la petite classe, je crus avoir une hallucination.

On avait annoncé une nouvelle élève, mais sans rien dire de plus, et ce que je voyais était si inattendu, si invraisemblable, surtout dans ce milieu austère, où tout était endeuillé et sombre, qu’il me sembla que je rêvais.

Celle qui descendait, avec hésitation, le petit escalier de bois, c’était une aimée !… Vêtue d’une veste écarlate, à manches de gaze lamée d’or, elle était coiffée d’une calotte brodée de perles, posée de côté, au-dessus de deux belles nattes blondes.

Quelle vision ! toute la classe était béante de stupeur, tandis que la nouvelle venue, plus grande qu’aucune de nous, fronçait le sourcil et baissait la tête, au point de cacher son visage, tellement elle était intimidée d’être regardée par tant de paires d’yeux.