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LVI




Quelle surprise ! Voilà que l’on emballe mes affaires ! Sans préparation, sans dire pourquoi, on me retire du couvent. La nouvelle en tombe tout à coup…

La sœur Marie-Jésus, qui sait peut-être, pince les lèvres et reste impénétrable.

Qu’est ce que j’éprouve ?… Je ne sais pas bien…, en tout cas, ce n’est pas de la joie. Est-ce que je vais regretter ce couvent, auquel j’ai eu tant de peine à m’accoutumer ? Non, bien sûr, je déteste toujours la règle, les vilains murs gris, les grilles, cette vie sans initiative, où je n’ai pas cessé d’être une révoltée. Cependant, voilà près de deux ans que j’y suis et il a bien fallu m’accoutumer ; l’arbuste transplanté a refait quelques racines, c’est encore un arrachement. Et Catherine ? Il est certain que, si elle venait avec moi, je ne sentirais plus les regrets et je danserais de plaisir, à l’idée de m’en aller. Mais elle ne vient pas et, au moment de la quitter, je sens encore plus