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LE COLLIER DES JOURS




(SOUVENIRS DE MA VIE)


« Je contemple un instant, des yeux de la mémoire,
« Le vaste horizon du passé
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
« Mes ans évanouis à mes pieds se déploient
« Comme une plaine obscure où quelques points chatoient
« D’un rayon de soleil frappés
« Sur les plans éloignés, qu’un brouillard d’oubli cache,
« Une époque, un détail nettement se détache,
« Et revit à mes yeux trompés. »

Théophile Gauthier


I


J’ai commencé la vie par une passion.

Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, c’est cependant tout à fait certain, et cette passion, qui eut, comme toujours, ses joies et ses peines, aboutit à un chagrin dont la violence n’a jamais été, pour moi, égalée.

On m’a raconté que j’avais montré beaucoup de répugnance à venir au monde : la figure voilée de mon bras replié, je me refusais obstinément à faire mon entrée dans cette vie, et, y