Page:Gautier - Le Japon (merveilleuses histoires), 1912.djvu/101

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Les rayons du soleil jouaient sur le groupe, arrachant par-ci par-là un scintillement, et faisant danser mille étincelles sur l’eau remuée par les rames. Tout à coup, Miodjin s’écria :

« Ce sont elles !

— Oui ! oui ! dit Boïtoro qui s’abritait du soleil avec son éventail ; Yamata est adossée à la cloison de la cabine. »

La barque glissa bientôt devant le pavillon des Mille Clochettes. Deux jeunes filles, et une femme d’un âge mûr, étaient assises à l’arrière entourées des flots soyeux de leurs robes. De larges épingles en écaille blonde étaient piquées dans leurs cheveux noirs et leur faisaient comme une couronne de rayons ; leur teint couleur de crème était légèrement rosé par la transparence des parasols.

L’une des jeunes filles leva la tête vers le pavillon et sourit en apercevant les deux jeunes gens ; on vit briller un instant ses dents pareilles à des grains de riz.

À l’avant de la barque, un jeune homme, élégamment vêtu, courbé en deux, rattachait les cordons de sa chaussure ; la lumière miroitait sur son chapeau de laque noire en forme de bouclier. Des serviteurs s’occupaient des paniers chargés de provisions. Dans l’intérieur de la cabine, visible par les larges ouvertures, une chanteuse de légendes nationales, louée sans doute pour charmer les promeneurs par son talent musical, était accroupie sur le sol et faisait résonner les cordes