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LE MARIAGE DE YAMATA
II

Le pavillon des Mille Clochettes était un petit belvédère, élevé au bord du fleuve dans une trouée de feuillage. Il se composait simplement d’une toiture, soutenue à chaque angle par une perche en bambou ; le plancher, assez vermoulu, était plus haut que le terrain, et il fallait faire une grande enjambée pour y monter. Du côté de l’eau régnait une petite balustrade. Il n’y avait aucune clochette au bord du toit qui pût expliquer le nom du pavillon, si ce n’est celles qu’y suspendaient les plantes grimpantes qui le prenaient d’assaut ; mais on avait de ce lieu une vue charmante sur le fleuve, jusqu’aux montagnes du lointain.

Les deux jeunes gens s’étaient arrêtés là, et surveillaient le fleuve, car aucune barque, venant de la ville, ne pouvait aborder à l’auberge sans passer devant eux. Boïtoro avait allumé une petite pipe, dont le fourneau d’argent était moins grand qu’un dé à coudre. Miodjin, accoudé à la balustrade, s’efforçait de cacher son trouble et sa tristesse. Pourtant, son compagnon remarqua sa pâleur.

« Qu’as-tu donc, ami ? dit-il. Es-tu malade ?