Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/103

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La structure des barques était aussi variée que pittoresque : les unes se terminaient à chaque extrémité par une grande fleur de lotus recourbée en dedans et serrée à sa tige d’une cravate de banderoles ; les autres se bifurquaient à la poupe et s’aiguisaient en pointe ; celles-ci s’arrondissaient en croissant et se relevaient aux deux bouts ; celles-là portaient des espèces de châteaux ou plates-formes où se tenaient debout les pilotes ; quelques-unes consistaient en trois bandes d’écorce reliées avec des cordes et manœuvrées par une pagaie. Les bateaux destinés au transport des animaux et des chars étaient accolés bord à bord, et supportaient un plancher sur lequel se remployait un pont volant permettant d’embarquer et de débarquer sans peine : le nombre en était grand. Les chevaux surpris hennissaient et frappaient le bois de leur corne sonore, les bœufs tournaient avec inquiétude du côté de la rive leurs mufles lustrés d’où pendaient des filaments de bave, et se calmaient sous les caresses des conducteurs.

Les contremaîtres marquaient le rythme aux rameurs en heurtant l’une contre l’autre la paume de leurs mains ; les pilotes, juchés sur la poupe ou se promenant sur le toit des naos,