Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/126

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Ensuite venaient les chars de guerre des jeunes princes de la famille royale ; des chevaux de race pure, aux formes élégantes et nobles, aux jambes fines, aux jarrets nerveux, à la crinière taillée en brosse, les traînaient, attelés deux à deux, en secouant leurs têtes empanachées de plumes rouges, ornées de têtières et de frontaux à bossettes de métal. Un timon courbe appuyait sur leurs garrots garnis de panneaux écarlates deux sellettes surmontées de boules en airain poli, et que réunissait un joug léger, infléchi comme un arc dont les cornes rebrousseraient ; une sous-ventrière et une courroie pectorale richement piquée et brodée, de riches housses rayées de bleu ou de rouge et frangées de houppes complétaient ce harnachement solide, gracieux et léger.

La caisse du char, peinte de rouge et de vert, garnie de plaques et de demi-sphères de bronze, semblable à l’umbo des boucliers, était flanquée de deux grands carquois posés diagonalement en sens contraire, dont l’un renfermait des javelines et l’autre des flèches. Sur chaque face, un lion sculpté et doré, les pattes en arrêt, le mufle plissé par un effroyable rictus, semblait rugir et vouloir s’élancer sur les ennemis.