Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/138

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Sur le fût des énormes colonnes tournaient des figures décoratives ou symboliques coiffées du pschent, armées du tau, qui se suivaient processionnellement, et dont l’œil, dessiné de face sur une tête de profil, semblait regarder curieusement dans la salle. Des lignes d’hiéroglyphes perpendiculaires séparaient les zones de personnages. Parmi les feuilles vertes découpées sur le tambour du chapiteau, des boutons et des calices de lotus se détachaient avec leurs couleurs naturelles et simulaient des corbeilles fleuries.

Entre chaque colonne, une selle élégante de bois de cèdre peint et doré soutenait sur sa plate-forme une coupe de bronze remplie d’huile parfumée, où les mèches de coton puisaient une clarté odorante.

Des groupes de vases allongés et reliés par des guirlandes alternaient avec les lampes et faisaient épanouir au pied des colonnes des gerbes aux barbes d’or, mêlées d’herbes des champs et de plantes balsamiques.

Au milieu de la salle, une table ronde en porphyre, dont le disque était supporté par une figure de captif, disparaissait sous un entassement d’urnes, de vases, de buires, de pots, d’où jaillissait une forêt de fleurs artificielles gigantes-