Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/141

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qui ne voilait aucun de leurs charmes, une fleur de lotus dans les cheveux, une buire d’albâtre rubané à la main, s’empressaient timidement autour du Pharaon, et répandaient l’huile de palme sur ses épaules, ses bras et son torse polis comme le jaspe. D’autres servantes agitaient autour de sa tête de larges éventails de plumes d’autruche peintes, ajustées à des manches d’ivoire ou de bois de santal, qui, échauffé par leurs petites mains, dégageait une odeur délicieuse ; quelques-unes élevaient à la hauteur des narines du Pharaon des tiges de nymphæa au calice épanoui comme la coupe des amschirs. Tous ces soins étaient rendus avec une dévotion profonde et une sorte de terreur respectueuse, comme à une personne divine, immortelle, descendue par pitié des zones supérieures parmi le vil troupeau des hommes. Car le roi est le fils des dieux, le favori de Phré, le protégé d’Ammon-Ra.

Les femmes du gynécée s’étaient relevées de leurs prostrations et assises sur de beaux fauteuils sculptés, dorés et peints, aux coussins de cuir rouge gonflés avec de la barbe de chardon : rangées ainsi, elles formaient une ligne de têtes gracieuses et souriantes, que la peinture eût aimé à reproduire.