Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/143

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de chaque côté des joues ; de volumineuses perruques à petites boucles fortement crêpées, à innombrables cordelettes maintenues transversalement par des fils d’or, des rangs d’émaux ou de perles, s’ajustaient comme des casques à des têtes jeunes et charmantes qui demandaient à l’art un secours inutile à leur beauté.

Toutes ces femmes tenaient à la main une fleur de lotus bleue, rose ou blanche, et respiraient amoureusement, avec des palpitations de narines, l’odeur pénétrante qui s’exhalait du large calice. Une tige de la même fleur, partant de leur nuque, se courbait gracieusement sur leur tête et allongeait son bouton entre leurs sourcils rehaussés d’antimoine.

Devant elles, des esclaves noires ou blanches, n’ayant d’autres vêtements que le cercle lombaire, leur tendaient des colliers fleuris tressés de crocus, dont la fleur, blanche en dehors, est jaune en dedans, de carthames couleur de pourpre, d’héliochryses couleur d’or, de trychos à baies rouges, de myosotis aux fleurs qu’on croirait faites avec l’émail bleu des statuettes d’Isis, de népenthès dont l’odeur enivrante fait tout oublier, jusqu’à la patrie lointaine.

À ces esclaves d’autres succédaient qui, sur la