Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/206

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gue ; mais le plus difficile de sa tâche était accompli.

Elle gravit les marches, une main sur son cœur qui battait violemment, l’autre sur sa tête pour maintenir sa robe roulée et trempée. Après avoir vu la direction que prenait Poëri, elle s’assit au haut de la rampe, déplia sa tunique et la revêtit. Le contact de l’étoffe mouillée lui causa un léger frisson. La nuit pourtant était douce, et la brise du sud soufflait tiède ; mais la courbature l’enfiévrait et ses petites dents se heurtèrent ; elle fit un appel à son énergie, et, rasant les murailles en talus des gigantesques édifices, elle parvint à ne pas perdre de vue le jeune Hébreu, qui tourna l’angle de l’immense enceinte de briques du palais, et s’enfonça à travers les rues de Thèbes.

Au bout d’un quart d’heure de marche, les palais, les temples, les riches maisons disparurent pour faire place à des habitations plus humbles ; au granit, au calcaire, au grès succédaient les briques crues, le limon pétri avec de la paille. Les formes architecturales s’effaçaient ; des cahutes s’arrondissaient comme des ampoules ou des verrues sur des terrains déserts ; à travers de vagues cultures, empruntant à la nuit des configurations