Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/221

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mène-la, ou, par l’uræus de mon pschent, par le bouton de lotus de mon sceptre, tu périras dans d’affreux supplices. »

Timopht s’élança avec la rapidité de l’ibex pour exécuter les ordres du Pharaon, qui, rasséréné, prit une de ces poses de grandeur tranquille que les sculpteurs aiment à donner aux colosses assis à la porte des temples et des palais, et, calme comme il convient à ceux dont les sandales estampées de captifs liés par les coudes reposent sur la tête des peuples, il attendit.

Un tonnerre sourd résonna autour du palais, et, si le ciel n’eût été d’un bleu de lapis-lazuli immuable, on eût pu croire à un orage ; c’étaient les bruits des chars lancés au galop dans toutes les directions, et dont les roues tourbillonnantes retentissaient sur le sol.

Bientôt le Pharaon put apercevoir du haut de sa terrasse les barques coupant l’eau du fleuve sous l’effort des rameurs, et les émissaires se répandre sur l’autre rive à travers la campagne.

La chaîne libyque, avec ses lumières roses et ses ombres d’un bleu de saphir, fermait l’horizon et servait de fond aux gigantesques constructions des Rhamsès, d’Amenoph et de Menephta ; les pylônes aux angles en talus, les murailles aux