Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’Allemand un regard oblique ; mais, jugeant au délabrement de ses habits qu’il n’avait pas voix délibérative au chapitre, il continua à prendre le lord pour unique interlocuteur.

« Pour un tombeau de l’antiquité la plus haute, milord, et que nulle main humaine n’a troublé depuis plus de trois mille ans que les prêtres ont roulé des rochers devant son ouverture, mille guinées, est-ce trop ? En vérité, c’est pour rien : car peut-être renferme-t-il des masses d’or, des colliers de diamants et de perles, des boucles d’oreilles d’escarboucle, des cachets en saphir, d’anciennes idoles de métal précieux, des monnaies dont on pourrait tirer un bon parti.

— Rusé coquin, dit Rumphius, vous faites valoir votre marchandise ; mais vous savez mieux que personne qu’on ne trouve rien de tel dans les sépultures égyptiennes. »

Argyropoulos, comprenant qu’il avait affaire à forte partie, cessa ses hâbleries, et, se tournant du côté d’Evandale, il lui dit :

« Eh bien, milord, le marché vous convient-il ?

— Va pour mille guinées, répondit le jeune lord, si la tombe n’a jamais été ouverte comme vous le prétendez ; et rien… si une seule